Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/180

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ciens jeux, et fidèle à son premier instinct, elle sauta hors du lit de son époux, pour courir après le petit animal.

Que faut-il inférer de cette fable ? que la jeune épouse étoit insensible aux caresses de son amoureux mari ? Non, il est des occasions où les chattes, aussi bien que les femmes, malgré l’ingratitude dont on les taxe, ne manquent pas de répondre aux marques de tendresse qu’on leur donne. Toutefois, suivant la spirituelle et profonde observation de sir Roger l’Estrange, chassez le naturel par la porte, il rentrera par la fenêtre. Une chatte, quoique changée en femme, aimera toujours les souris. Qu’on n’accuse donc point l’écuyer Western d’un défaut d’affection pour sa fille : il l’aimoit certainement beaucoup ; mais c’étoit un gentilhomme campagnard, un ardent chasseur, et à ce double titre on peut lui appliquer la fable précédente et les judicieuses réflexions de sir Roger l’Estrange.

La vitesse des chiens égaloit celle du vent. L’écuyer, avec ses cris, avec ses transports de joie accoutumés, franchissoit lestement les fossés et les haies. L’idée de Sophie ne vint pas le troubler une seule fois dans cette chasse, la plus belle, à son gré, qu’il eût jamais vue, et qui auroit mérité, disoit-il, qu’on s’y rendît de cinquante milles à la ronde. Si M. Western oublia