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dans les combats. Peut-être même sommes-nous destinés à y périr tous deux : eh ! qu’importe ?

— Qu’importe ? comment donc, monsieur ? n’est-ce rien que de mourir ? Quand je serai mort, tout sera dit pour moi. Je me soucie bien que la cause triomphe, si je suis tué dans la mêlée. Le beau profit qui m’en reviendra ! que servent, je vous prie, toutes les sonneries, et le plus brillant luminaire du monde, à qui dort six pieds sous terre ? Bonté divine ! ce sera donc la fin du pauvre Partridge !

— Et la fin du pauvre Partridge ne doit-elle pas arriver tôt ou tard ? Puisque vous aimez le latin, monsieur le pédagogue, je vais vous citer quelques beaux vers d’Horace qui inspireroient du courage à un lâche :

Dulce et decorum est pro patria mori.
Mors et fugacem persequitur virum,
Nec parcit imbellis juventæ
Poplitibus, timidoque tergo.

— Horace est un auteur difficile, monsieur. Ayez la bonté de me faire la construction de ces vers. Je ne les comprends pas bien, de la manière dont vous les récitez.

— En voici une mauvaise imitation, ou plutôt une paraphrase de ma façon ; car je ne suis qu’un poëte médiocre.