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venoit l’erreur de Partridge. « Mon ami, lui dit-il, je te crois capable d’affronter seul toute cette armée. À en juger par les couleurs de la bannière, le tambour que nous venons d’entendre ne bat que pour appeler les curieux à un spectacle de marionnettes.

— Un spectacle de marionnettes ! reprit Partridge transporté de joie. N’est-ce que cela ? il n’y a pas de divertissement au monde que je préfère à un spectacle de marionnettes. Mon cher maître, arrêtons-nous pour le voir. D’ailleurs il est presque nuit, je n’ai pas mangé depuis trois heures du matin, et je meurs de faim. »

Ils arrivèrent en ce moment à une auberge, ou pour mieux dire à un cabaret. Jones incertain de la route qu’il devoit suivre, consentit à s’y arrêter. Tandis qu’il s’informoit si l’on avoit vu passer des dames dans la matinée, Partridge visitoit la cuisine. Ses recherches furent plus heureuses que celles de son maître. Celui-ci n’apprit aucune nouvelle de Sophie ; l’autre trouva à sa grande satisfaction des œufs et du lard, et put se flatter d’avoir bientôt sous les yeux l’agréable vue d’une omelette toute fumante.

L’amour agit différemment sur les personnes d’un tempérament robuste, et sur celles d’une complexion délicate. Dans les dernières, il détruit tout appétit tendant à la conservation de