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son spectacle lui avoit paru de si bon goût, qu’elle y amèneroit ses deux filles, le lendemain au soir. Un clerc de procureur et un commis de l’accise déclarèrent que les caractères de lord et de lady Townley étoient bien soutenus et conformes à la nature. Partridge fut du même avis.

Le joueur de marionnettes enorgueilli de ce panégyrique, ne put s’empêcher d’y ajouter quelques traits de sa façon. « Rien, dit-il, ne s’est tant perfectionné dans le siècle présent, que les marionnettes. Par la réforme de Polichinel, de madame Gigogne sa femme, et d’autres semblables niaiseries, on est parvenu à en faire un spectacle digne des gens sensés. Quand je commençai de me livrer à l’exercice de mon art, je me souviens qu’on se permettoit mille grossièretés propres à exciter le rire du peuple, mais non à corriger les mœurs de la jeunesse : ce qui doit être assurément le principal but des marionnettes ; car pourquoi ne donneroit-on pas de cette manière, aussi bien que de toute autre, de bonnes et salutaires leçons ? Mes figures sont de grandeur naturelle, elles représentent les différentes scènes de la vie, et je ne doute point qu’on ne sorte aussi amendé de mon petit théâtre que des grands. »

— Je n’ai nul dessein, répondit Jones, de rabaisser votre talent ; mais quoi que vous en disiez, j’aurois été charmé de revoir mon vieil ami Po-