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lichinel ; en le réformant, ainsi que la joyeuse madame Gigogne, vous avez, selon moi, gâté vos marionnettes, au lieu de les perfectionner. »

Ces paroles inspirèrent au docte moteur des fils d’archal un soudain et profond mépris pour Jones. « Il est possible, monsieur, répliqua-t-il d’un air dédaigneux, que ce soit là votre opinion ; mais, grace à Dieu, de meilleurs juges sont d’un avis contraire. On ne sauroit contenter tous les goûts. Je conviens qu’à Bath, il y a deux ou trois ans, des gens de qualité me prièrent instamment de remettre Polichinel sur la scène ; je crois même que je perdis quelque argent par le refus de me prêter à leur désir. Au reste, que les autres fassent comme ils voudront, pour moi un chétif intérêt ne me portera point à dégrader ma profession. Jamais je ne consentirai à souiller la décence et la régularité de mon théâtre, en y introduisant d’ignobles personnages. »

« Bravo ! mon ami, s’écria le clerc de procureur, vous avez bien raison. Gardez-vous toujours de ce qui est bas. J’ai à Londres plusieurs amis qui ont résolu d’en épurer la scène. »

« Rien de plus convenable, ajouta le commis de l’accise en ôtant sa pipe de sa bouche. Je me rappelle que dans le temps où j’étois en condition, je me trouvai à la galerie des laquais, le jour de la première représentation du Mari mis