Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VI.



LES MEILLEURES CHOSES SONT SUJETTES À ÊTRE MAL COMPRISES ET MAL INTERPRÉTÉES.

On entendit un grand bruit dans le vestibule, où l’hôtesse maltraitoit rudement sa servante de la langue et du poing. Elle s’étoit aperçue de son absence, et après quelques recherches, elle l’avoit trouvée sur le théâtre des marionnettes, avec le paillasse, dans une situation peu décente.

Quoique Grace (c’étoit le nom de la servante) eût perdu toute modestie, comme elle avoit presque été prise en flagrant délit, elle n’eut pas l’impudence de nier le fait : mais usant d’un autre expédient, elle s’efforça d’adoucir sa faute. « Pourquoi me battez-vous ainsi ? dit-elle à sa maîtresse. Ma conduite ne vous plaît point ? eh bien ! renvoyez-moi. Si je suis une catin (car l’hôtesse l’avoit gratifiée de cette épithète), mes supérieures le sont aussi bien que moi. N’en étoit-elle pas une, cette belle dame que nous venons de voir