Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah ! monsieur, répondit Partridge, vous ne savez pas quel diable d’homme c’est. Il pourroit, voyez-vous, me prendre d’une main et me jeter par la fenêtre ; ce qu’il ne manqueroit pas de faire, s’il soupçonnoit seulement…

— Bon ! reprit le commis, je crois que je le vaux bien : d’ailleurs nous sommes cinq ici.

— Qui sont ces cinq ? dit l’hôtesse, ne comptez pas sur mon mari, je vous en préviens. On ne fera violence à personne dans ma maison. Ce jeune homme est un des plus jolis garçons que j’aie vus de ma vie. Je ne le crois pas plus fou qu’aucun de nous. Où avez-vous pris qu’il a l’air égaré ? il a les plus beaux yeux du monde, et le regard le plus doux. C’est un jeune homme tout-à-fait modeste et honnête. Je le plains sincèrement, surtout depuis que ce monsieur qui est là dans un coin, nous a dit qu’il étoit malheureux en amour. Certes, c’en est assez pour altérer un peu la douceur de sa physionomie. À quoi diable pense sa maîtresse ? Espère-t-elle trouver mieux qu’un aussi beau jeune homme, avec une immense fortune ? Il faut que ce soit une de ces grandes dames, une de ces dames à la mode que nous avons vues hier au spectacle des marionnettes, qui ne savent jamais ce qu’elles veulent. »

Le clerc de procureur déclara aussi qu’il ne