Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/217

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prendroit aucune part à l’affaire, sans l’avis d’un avocat. « Supposez, dit-il, qu’on nous accuse d’un emprisonnement illégal, quels seront nos moyens de défense ? Le jury trouvera-t-il les preuves de folie suffisantes ? Je ne parle ici qu’en simple particulier ; car il ne convient pas à un homme de loi de se mêler de ces sortes de questions, autrement qu’en sa qualité de jurisconsulte. On sait que l’opinion des jurés nous est en général peu favorable. Je ne prétends point cependant vous faire changer d’avis, M. Thompson (c’étoit le commis de l’accise), ni vous, monsieur (en s’adressant à Partridge), ni personne de la compagnie. »

À ces mots le commis secoua la tête, et le maître des marionnettes observa que la folie étoit quelquefois un cas difficile à résoudre pour un jury. « Je me souviens, dit-il, d’avoir assisté à un procès de cette espèce. Vingt témoins déposoient qu’un homme étoit fou à lier, et vingt autres, qu’il jouissoit de sa raison, autant qu’aucun habitant de la Grande-Bretagne. L’opinion commune étoit en effet que la famille du pauvre homme n’avoit imaginé de le faire passer pour fou, qu’afin de s’emparer de sa fortune.

— Cela est très-vraisemblable, dit l’hôtesse. J’ai connu moi-même un honnête gentilhomme que ses parents ont tenu renfermé toute sa vie