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se remettre en route à l’instant, il appela Partridge.

Il étoit près de huit heures avant qu’il pût partir. Partridge traînoit le temps en longueur, l’hôte faisoit attendre son mémoire. Quand tous les obstacles furent levés, Jones ne voulut point quitter l’auberge, qu’il n’eût réconcilié le maître et le valet. La paix rétablie entre eux, il partit. Le fidèle paillasse le mena à l’endroit même par où Sophie avoit passé. Jones l’ayant généreusement récompensé, poursuivit sa route avec ardeur, enchanté de la découverte qu’il venoit de faire d’une manière si inespérée. Partridge n’en éprouva pas moins de joie, et lui prophétisa du ton le plus sérieux, que ses vœux ne pouvoient manquer d’être couronnés d’un heureux succès. « Monsieur, dit-il, deux rencontres pareilles ne vous auroient pas conduit sur les traces de votre maîtresse, si la Providence n’avoit dessein de vous réunir un jour. » Jones, pour la première fois, prêta quelque attention aux idées superstitieuses de son compagnon.

Nos deux piétons n’avoient pas fait plus de deux milles, qu’ils furent surpris par une violente averse. Comme ils se trouvoient en face d’un cabaret, Partridge détermina son maître à s’y arrêter pendant l’ondée. La faim est un ennemi (si on peut l’appeler ainsi) qui tient plus du carac-