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tère anglois que du caractère françois. On a beau la vaincre, elle revient toujours à la charge. Partridge en est la preuve. À peine entré dans la cuisine, il fit à l’hôte les mêmes questions qu’il avoit faites la veille au soir à son confrère. On lui servit pour réponse un excellent aloyau froid. Il l’attaqua de grand cœur, et Jones suivit son exemple, quoiqu’il commençât à s’inquiéter un peu de ne rien apprendre de nouveau, dans cette maison, sur la marche de Sophie.

Le déjeuner fini, Jones vouloit partir, malgré la violence continue de la pluie ; mais Partridge lui demanda avec instances la permission de vider un second pot de bière. Jetant alors les yeux sur un jeune garçon qui venoit d’entrer dans la cuisine, et qui, de son côté, le regardoit attentivement, il se tourna vers Jones et lui dit : « Touchez-là, mon maître, un seul pot ne suffira pas à présent pour faire la ronde. Voici encore des nouvelles de mademoiselle Sophie. Ce garçon que vous voyez près du feu, est le même qui lui a servi de guide. Je le reconnois à mon emplâtre qu’il porte sur le visage. »

« Oui, monsieur, dit le nouveau venu, c’est bien votre emplâtre, il m’a presque guéri. Vous m’avez rendu un service que je n’oublierai jamais. Dieu vous en récompense ! »

Jones se leva précipitamment et emmena le