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événements avec les idées qu’on se forme d’ordinaire de la nature et de la vérité. L’entreprise fût-elle d’ailleurs très-facile, il seroit imprudent de la tenter. Par exemple, le fait que nous venons d’exposer, sans commentaire, peut choquer au premier abord certaines personnes. Cependant après un mûr examen, il obtiendra l’approbation générale. Les gens sages et honnêtes verront dans la disgrace de Jones à Upton, une conséquence immédiate et une juste punition de son infidélité. Les sots et les méchants, au contraire, s’applaudiront, en pensant que la réputation dépend moins de la vertu que du hasard. Peut-être, en y réfléchissant, pourrions-nous contredire également ces deux conclusions, et montrer que de tels incidents ne servent qu’à consacrer les utiles et rares enseignements que nous cherchons à imprimer dans l’esprit de nos lecteurs, en nous abstenant toutefois d’en rappeler sans cesse le souvenir, comme font ces prédicateurs vulgaires, qui répètent le texte de leur sermon à la fin de chaque période.

Il nous suffit d’avoir insinué que la fatale erreur de Sophie à l’égard de Jones, étoit fondée sur des raisons plausibles. Toute autre femme à sa place se seroit trompée de même. Nous dirons plus : si Sophie eût suivi de près son amant, et fût entrée dans le cabaret d’où il sortoit, elle au-