Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/230

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Les grands, qui se piquent si fort de finesse et de subtilité, pourroient souvent en recevoir des leçons de la dernière classe du peuple.

Les chevaux étant prêts, Jones s’élança sur la selle qui avoit servi à sa chère Sophie. Le guide eut la politesse de lui offrir la sienne ; mais il préféra la selle de femme, apparemment comme plus douce. Partridge, quoique fort douillet, ne voulut point déroger à sa dignité d’homme, et accepta l’offre du guide. Ainsi Jones placé sur la selle de Sophie, le guide sur celle de mistress Honora, et Partridge jambe deçà jambe delà sur le troisième cheval, se mirent en marche. Ils arrivèrent en quatre heures à l’auberge où le lecteur a déjà fait un si long séjour. Partridge fut fort gai pendant la route. Il ne se lassoit point d’entretenir Jones des nombreux présages de succès dont la fortune l’avoit favorisé depuis peu. On pouvoit, en effet, les regarder sans superstition comme très-heureux. Partridge préféroit d’ailleurs à la gloire des armes le but actuel où tendoit son compagnon. Ces mêmes présages qui flattoient l’espoir du pédagogue, lui avoient aussi donné pour la première fois une idée nette de l’amour de Jones pour Sophie. Jusqu’alors il y avoit fait peu d’attention. Il s’étoit trompé, dans le principe, sur les motifs de sa fuite. Quant aux aventures arrivées à l’auberge d’Upton, il avoit