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ainsi que la cause d’une infinité de vos récompenses. Vos récompenses et vos punitions sont donc la même chose ? »

Tandis que sa majesté bohémienne s’entretenoit de la sorte avec Jones, il s’éleva tout-à-coup un grand tumulte dans la grange. Voici à quelle occasion. Partridge rassuré peu à peu par la courtoisie des bohémiens, s’étoit enfin décidé à partager leur festin, et à goûter de leurs liqueurs. Il en but une telle quantité, qu’insensiblement la crainte fit place dans son cœur à des sensations très-différentes.

Une jeune bohémienne plus remarquable par ses manières engageantes que par sa beauté, avoit attiré dans un coin l’honnête pédagogue, sous prétexte de lui dire sa bonne aventure. Or, soit que les liqueurs fortes n’allument jamais plus promptement le feu de la concupiscence qu’après un exercice modéré, soit que la bohémienne, mettant de côté la modestie de son sexe, eût tenté la jeunesse de Partridge par des avances positives, le mari les surprit ensemble dans une situation fort équivoque. Animé en apparence d’un sentiment de jalousie, il avoit épié et suivi sa femme d’un œil attentif, jusqu’à l’endroit où il la trouva dans les bras de son galant.

À la grande confusion de Jones, Partridge fut conduit devant le roi qui écouta tour à tour l’ac-