Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/264

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a-t-elle pas envoyé une excellente hier ? Penses-tu que je ne puisse pas vivre plus de vingt-quatre heures avec ce cher portefeuille ?

— Sans doute, monsieur, il renferme de quoi fournir aux frais de plus d’un bon repas, et la fortune vous l’a envoyé fort à propos ; car votre bourse doit commencer à se dégarnir.

— Que veux-tu dire ? Tu ne me crois pas, j’espère, assez malhonnête, quand ce portefeuille appartiendroit à toute autre qu’à miss Western…

— Malhonnête ! Dieu me préserve de vous faire cet affront. Mais où seroit le grand mal d’emprunter dessus une bagatelle, pour la nécessité présente, puisque vous aurez tant de moyens de vous acquitter par la suite ? Oui certes, j’entends que vous vous acquittiez aussitôt que vous en trouverez l’occasion : je le répète, quel mal y auroit-il à faire un léger emprunt, dans le dénûment où vous êtes réduit ? Oh ! si le portefeuille appartenoit à une personne pauvre, ce seroit bien différent ; mais une si grande dame ne peut avoir besoin d’argent, à présent surtout qu’elle est avec un lord qui sûrement ne la laissera manquer de rien. D’ailleurs elle ne pourroit avoir besoin tout au plus que d’une foible partie de la somme, et non de la totalité. Je lui en laisserois donc une petite partie ; mais j’aimerois mieux être pendu que de dire un mot de ma trouvaille,