Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne pouvois avoir l’intention de vous tuer ; mon pistolet n’est pas chargé. C’est le premier vol que j’aie tenté de commettre ; le désespoir m’y a poussé. »

Dans ce moment, environ à cent cinquante pas de distance, un autre homme étendu tout de son long, crioit merci encore plus fort que le voleur. C’étoit Partridge qui, en cherchant à se sauver de la bataille, avoit été jeté à bas de son cheval. La face collée contre terre, il n’osoit lever la tête, et s’attendoit de minute en minute à recevoir le coup de la mort. Il étoit encore dans cette attitude, quand le guide, qui ne s’inquiétoit que de ses chevaux, après s’être hâté de les rattraper, vint lui dire que son maître avoit terrassé le brigand.

À cette nouvelle, Partridge sauta de joie et courut au lieu où Jones, l’épée nue à la main, tenoit en respect le timide voleur. « Point de quartier ! monsieur, lui cria-t-il dès qu’il vit briller le fer, tuez-le, passez-lui votre épée au travers du corps, tuez-le à l’instant. »

Le misérable étoit heureusement tombé au pouvoir d’un homme plus compatissant que le pédagogue. Jones, s’étant assuré que le pistolet n’étoit point chargé, commença à croire tout ce que le voleur lui avoit dit avant l’arrivée de Partridge : savoir qu’il étoit novice dans le métier ;