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à son pays. Partridge l’envisagea sous cet aspect. Il en montra un grand mécontentement, cita un vieux proverbe, et dit qu’il ne seroit pas surpris que le drôle ne revînt les attaquer avant leur arrivée à Londres.

Le voleur se répandit en protestations de reconnoissance ; il versa, ou fit semblant de verser des larmes d’attendrissement. Il jura qu’il alloit retourner à l’instant chez lui, et qu’il ne retomberoit jamais dans un si coupable égarement. On saura peut-être par la suite s’il tint, ou non, sa parole.

Nos voyageurs étant remontés à cheval, arrivèrent à Londres sans autre accident fâcheux. Leur dernière aventure fut entre eux, pendant la route, le sujet d’un entretien fort intéressant. Jones témoigna beaucoup de compassion pour les voleurs de grand chemin, auxquels l’excès de la misère fait embrasser un genre de vie contraire aux lois, et qui les conduit d’ordinaire à une mort infâme. « Je ne parle, dit-il, que de ceux dont le crime se borne au simple vol, et qui ne se rendent coupables ni de violence ni de cruauté. Cette circonstance, il faut l’observer à l’honneur de notre pays, distingue les voleurs d’Angleterre de ceux des autres nations, où le meurtre accompagne presque toujours le vol.

« Nul doute, répondit Partridge, qu’il ne soit