Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fondre en excuses sur l’indiscrétion d’une visite si matinale. Elle n’auroit jamais songé, dit-elle, à venir troubler, à une pareille heure, le repos de milady, si elle n’y eût été forcée par une affaire de la dernière importance. Elle lui raconta ensuite fort en détail ce qu’elle avoit appris de Betty, et n’oublia pas la visite que Jones lui avoit faite à elle-même, la veille au soir.

« Ainsi donc, madame, répondit en souriant lady Bellaston, vous avez vu ce redoutable jeune homme. Est-il réellement aussi bien qu’on se plaît à le dire ? Etoff m’a entretenue de lui hier au soir pendant près de deux heures. Je crois que la friponne en est devenue amoureuse sur sa réputation. »

Qu’on ne s’étonne point d’entendre parler ainsi lady Bellaston. Mistress Etoff avoit l’honneur de présider à sa toilette. Bien instruite par Honora de ce qui concernoit M. Jones, elle s’étoit amusée à en faire le récit à sa maîtresse la veille au soir, ou plutôt le matin en la déshabillant ; ce qui avoit fort prolongé son ministère accoutumé.

Lady Bellaston écoutoit d’ordinaire assez volontiers les histoires que lui contoit mistress Etoff ; elle prêta une attention particulière à celle de Jones. Honora l’avoit peint des couleurs les plus séduisantes, et mistress Etoff enchérit tellement sur ce portrait, que sa maîtresse se le re-