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oreille, témoigna un peu de surprise. « C’est une visite qui m’arrive, lui dit mistress Fitz-Patrick d’un air indifférent ; je ne puis, monsieur, vous répondre dans ce moment. Mais veuillez demeurer jusqu’à ce que je sois seule : j’aurai quelque chose à vous dire. »

Au même instant la porte de la chambre s’ouvrit à deux battants, et lady Bellaston, rangeant de côté son énorme panier, entra en faisant une profonde révérence à mistress Fitz-Patrick, et une autre très-polie à M. Jones. Elle alla ensuite s’asseoir à la place qui lui étoit destinée. Nous rapportons ces petits détails pour l’instruction de certaines provinciales de notre connoissance, qui croiroient manquer aux règles du bon ton, si elles daignoient faire la révérence à un homme.

On étoit à peine assis, que l’arrivée du pair irlandois causa un nouveau dérangement et la répétition du même cérémonial. La conversation prit alors un tour animé, et donna naissance à une foule de ces riens ingénieux qui échappent à l’analyse, de ces piquantes saillies dont tout le sel s’évapore, quand on veut les faire passer sur le théâtre, ou dans les livres. Nous omettrons pour cette raison de les placer dans le nôtre. D’ailleurs les personnes exclues des cercles du grand monde n’ignorent pas moins le charme de ces jeux d’esprit, que la délicatesse de certains