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mets de la cuisine françoise, qu’on ne sert que sur les tables de nos modernes Plutus : et vu la diversité des goûts, ce seroit prodiguer en pure perte des perles précieuses, que de les offrir au commun des lecteurs.

Le pauvre Jones demeura spectateur muet de la scène brillante qui se passoit sous ses yeux. Avant l’apparition du lord, lady Bellaston et mistress Fitz-Patrick lui avoient adressé quelquefois la parole ; mais aussitôt que le noble pair fut entré, ce seigneur devint l’unique objet de leur attention ; et comme il parut ne s’apercevoir de la présence de Jones, que pour jeter sur lui par intervalles un regard dédaigneux, les deux dames suivirent son exemple.

La conversation duroit depuis long-temps, et personne ne songeoit à se retirer. Mistress Fitz-Patrick vit bien que chacun avoit le projet de rester le dernier. Elle résolut de se débarrasser d’abord de Jones, qu’elle croyoit pouvoir traiter avec le moins de cérémonie. Au premier moment de silence : « Monsieur, lui dit-elle avec dignité, je prévois que je n’aurai pas le loisir de vous répondre ce soir sur l’affaire dont vous m’avez parlé. Ayez la bonté de laisser votre adresse, afin que je puisse envoyer demain chez vous. »

Jones n’avoit qu’une politesse toute naturelle.