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poëme chez Will et chez Button, ceux d’aujourd’hui rêvent au moyen de corrompre une assemblée d’électeurs, et préparent des discours pour la chambre des communes, ou plutôt pour les gazettes et les recueils littéraires. La science du jeu exerce surtout leurs pensées. Voilà les graves occupations auxquelles ils se livrent. Voulez-vous savoir en quoi consistent leurs amusements ? Tous les arts sont de leur ressort. Ils se donnent pour des connoisseurs universels ; ils jugent de la peinture, de la musique, de la statuaire, de la philosophie naturelle ou mieux antinaturelle, nous voulons dire de celle qui se borne à la recherche du merveilleux, et ne connoît de la nature que ses imperfections et ses monstres.

Jones, ayant consumé tout le jour en vaines tentatives pour pénétrer chez mistress Fitz-Patrick, rentra le soir dans sa demeure, accablé de lassitude et de chagrin. Pendant qu’il se livroit sans témoins à sa douleur, il entendit un violent tumulte dans la chambre au-dessous de la sienne, et les cris d’une femme qui le conjuroit, au nom du ciel, de se hâter de descendre, afin de prévenir un meurtre. Jones toujours prêt à secourir le foible et l’opprimé, se précipite au bas de l’escalier et s’élance dans la salle à manger d’où partoit le bruit. Il voit, en entrant, le jeune homme de sens et de capacité dont on vient de parler, cloué contre