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la muraille par son laquais, et debout, à côté de lui, une jeune fille qui se tordoit les bras en criant de toutes ses forces : « Il va expirer ! il va expirer ! » Et en effet le pauvre malheureux couroit risque d’être étouffé, quand Jones l’arracha des mains de son impitoyable ennemi, au moment où il alloit rendre le dernier soupir.

Quoique le laquais eût reçu plusieurs coups de pied et de poing du jeune homme, qui avoit plus de courage que de force, il s’étoit fait scrupule de frapper son maître, et se contentoit de l’étrangler. Il ne se montra pas si respectueux pour Jones. Aussitôt qu’il se sentit rudement pressé par son nouvel adversaire, il lui porta dans le ventre un de ces coups qui causent tant de plaisir aux spectateurs du cirque de Broughton, et en font si peu aux champions qui les reçoivent.

Notre héros, loin d’en être ébranlé, ne songea qu’à prendre sa revanche. Il s’engagea donc entre lui et le laquais une lutte terrible, mais de courte durée. Le laquais n’étoit pas plus capable de résister à Jones, que son maître ne l’avoit été de lui tenir tête.

Par un de ces revers de fortune assez fréquents, les choses changèrent alors de face. Le premier vainqueur alla mesurer la terre, sans force et sans haleine, et le vaincu en reprit bien-