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lui fournit mille arguments favorables à ses désirs.

Ami lecteur, si tu nous veux du bien, nous ne pouvons mieux te prouver notre reconnoissance, qu’en te souhaitant la même disposition d’esprit. Car après avoir lu de nombreux traités, et nous être livré à de longues méditations sur le bonheur, sujet qui a exercé tant de plumes savantes, nous inclinons presque à le placer dans cette heureuse organisation qui nous met en quelque sorte à l’abri des traits de la fortune, et nous rend heureux sans son assistance. Les plaisirs qu’elle procure sont plus vifs et plus durables, que ceux qui nous viennent de l’aveugle déesse. La nature a voulu sagement, qu’un peu de langueur et de satiété accompagnât toujours nos jouissances réelles, de crainte qu’en absorbant toutes nos facultés, elles n’arrêtassent l’essor d’une noble ambition. Sous ce point de vue, un débutant au barreau, dans la chaire, ou au parlement, en rêvant qu’un jour il sera chancelier, archevêque ou premier ministre, est sans contredit plus heureux en idée, que ceux qui jouissent en effet du pouvoir et des richesses que donnent ces hautes dignités.

Quand Jones eut pris la résolution d’aller le soir au bal, Nightingale lui proposa de l’y conduire. Il offrit en même temps des billets à miss