Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/315

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Nancy et à sa mère. L’excellente femme les refusa. « Ce n’est pas, dit-elle, que je condamne absolument les bals masqués, comme font certains rigoristes ; mais ces amusements dispendieux conviennent aux riches, et non à des jeunes filles qui sont obligées de travailler pour vivre, et n’ont rien de mieux à espérer que d’épouser un bon marchand.

— Un marchand ! s’écria Nightingale. Ne rabaissez pas ainsi ma Nancy. Le plus noble parti n’est pas au-dessus de son mérite.

— Fi ! M. Nightingale, répondit mistress Miller, vous ne devriez pas remplir la tête de ma fille de pareilles chimères ; mais si sa bonne fortune, ajouta-t-elle avec un sourire, veut qu’elle trouve un mari aussi désintéressé que vous, j’espère que ce ne sera point en se livrant à des plaisirs ruineux, qu’elle reconnoîtra sa générosité. Lorsqu’une jeune personne apporte une grosse dot, il est naturel qu’elle ait envie d’en jouir : aussi ai-je entendu dire à des gens sensés, qu’il y avoit quelquefois plus d’avantage à prendre une femme pauvre qu’une riche. Au surplus, n’importe qui mes filles épousent, je tâcherai de les rendre propres à faire le bonheur de leur mari. Ne me parlez donc plus, je vous prie, de bal masqué. Nancy, j’en suis sûre, est trop sage pour désirer d’y aller. Elle doit se souvenir que quand