Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/318

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ger mon sort sous un plus triste aspect que moi. J’ai un amer regret de vous avoir permis de quitter, pour me suivre, le lieu où vous étiez établi. J’exige que vous y retourniez. Pour vous dédommager de vos dépenses, et des soins que vous m’avez rendus avec tant de zèle, je vous fais présent de tous les effets que j’ai déposés chez vous en partant. Je suis fâché de ne pouvoir vous donner d’autre témoignage de ma reconnoissance. »

Jones prononça ces mots d’un ton si pathétique, que Partridge qui, malgré tous ses défauts, n’avoit ni un mauvais naturel, ni un cœur insensible, fondit en larmes. Il jura qu’il n’abandonneroit pas son maître dans sa détresse, et le conjura de la manière la plus pressante de retourner chez lui. « Pour l’amour de Dieu, monsieur, lui dit-il, veuillez réfléchir un moment. Que pouvez-vous faire ? Comment vivre dans cette ville sans argent ? Au reste, quelque parti que vous preniez, en quelque lieu qu’il vous plaise d’aller, je ne vous quitterai point. Mais je vous en prie, monsieur, rentrez en vous-même. Je vous en supplie, monsieur, pour votre propre intérêt, écoutez la voix de la raison ; je suis sûr qu’elle vous conseillera de retourner chez vous.

— Combien de fois, répondit Jones, faudra-t-il te répéter qu’il n’y a point de maison où je puisse retourner ? S’il me restoit la moindre espérance