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qu’aucun déguisement pût lui cacher sa maîtresse.

— Elle est donc ici ? s’écria Jones vivement.

— Parlez plus bas, monsieur, reprit la dame. On peut vous entendre. Je vous jure, sur mon honneur, que miss Western n’est pas ici. »

Jones prit alors la main de l’inconnue, et la supplia de nouveau de lui apprendre où il pourroit la trouver. Voyant qu’il n’en obtenoit que des réponses évasives, il changea de propos, et lui reprocha avec douceur d’avoir manqué la veille à sa parole. « Ne croyez pas m’abuser, charmante reine des fées, dit-il, je reconnois très-bien votre majesté, malgré ses efforts pour déguiser sa voix. En vérité, mistress Fitz-Patrick, c’est une cruauté de vous divertir à me tourmenter.

— Quoique vous m’ayez si finement devinée, répartit la dame masquée, il faut que je continue à parler du même ton de voix, de peur d’être reconnue par d’autres. Pensez-vous, mon cher monsieur, que je prenne si peu d’intérêt à ma cousine, que je veuille seconder un dessein qui entraîneroit sa ruine, aussi bien que la vôtre ? Je vous garantis d’ailleurs qu’elle ne fera pas la folie de consentir à se perdre elle-même, si vous êtes assez son ennemi pour l’y engager.

— Hélas ! madame, c’est bien mal connoître