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l’élégance et la richesse de ses habits. Ce n’étoit plus ce malheureux jeune homme exposé aux risibles embarras où nous l’avons vu naguère. Il nageoit maintenant dans une abondance qu’il n’avoit point connue jusqu’alors.

On voit beaucoup d’hommes assez peu délicats pour jouir du bien d’une femme, sans la payer d’aucun retour ; mais quiconque ne mérite pas la potence doit trouver, ce nous semble, bien pénible de ne pouvoir offrir en échange d’un brûlant amour, qu’une froide reconnoissance. Ce tourment devient encore plus rude, lorsque l’ame est dominée par une inclination contraire. Telle étoit la position de Jones. Le sentiment vertueux qui l’attachoit à Sophie laissoit peu de place dans son cœur pour une autre affection ; et quand ce sentiment n’eût point existé, jamais son ardeur n’auroit pu égaler celle de sa généreuse maîtresse.

Lady Bellaston, dans son printemps, avoit été fort attrayante ; mais elle entroit pour le moins dans l’automne de la vie. En vain tâchoit-elle de rappeler, par sa parure et par ses manières, les agréments de la jeunesse ; en vain s’étudioit-elle à entretenir les roses de son teint. Ces roses, comme celles que l’art force d’éclore hors de saison, n’avoient ni l’éclat, ni la fraîcheur dont la simple nature embellit ses productions spon-