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tanées. Au désavantage de l’âge, elle joignoit d’ailleurs une petite imperfection qui rend certaines fleurs, quoique très-belles à la vue, peu propres à flatter un autre sens.

Si Jones ne pouvoit fermer les yeux sur ces fâcheux inconvénients, il voyoit d’un autre côté l’étendue des obligations qu’il avoit contractées envers lady Bellaston. Les libéralités de cette dame étoient évidemment la preuve d’une vive passion. Pour peu qu’il n’y répondît point, elle le jugeroit ingrat, et ce qu’il y auroit de pis, lui-même croiroit l’être. Il n’ignoroit pas la condition tacite des bienfaits dont elle le combloit. Si la nécessité le contraignoit de les accepter, l’honneur l’obligeoit à en acquitter le prix. Il s’y détermina donc, quelque malheur qu’il pût lui en arriver ; et, guidé par ce grand principe de justice qui, en certains pays, condamne un débiteur insolvable à devenir l’esclave de son créancier, il résolut de se dévouer tout entier à lady Bellaston.

Au moment où il prenoit ce parti, il reçut d’elle le billet suivant :

« Un incident aussi désagréable que ridicule survenu depuis notre dernière entrevue, ne me permet plus de vous recevoir au lieu accoutumé de nos rendez-vous. J’espère en trouver un autre pour demain. En attendant, adieu. »

On peut croire que Jones fut médiocrement