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Le surlendemain de son arrivée, comme il étoit à déjeuner avec le ministre Supple, on vint l’avertir qu’il y avoit en bas quelqu’un qui demandoit à lui parler.

« Quelqu’un ? dit-il. Qui diable est-ce ? Descendez, mon cher Supple, et voyez qui c’est. M. Blifil ne peut pas être encore arrivé. Descendez, et sachez ce qu’on me veut. »

Le ministre revint lui dire qu’un homme très-bien mis, et qu’à sa cocarde il jugeoit un officier, vouloit l’entretenir d’une affaire importante.

« Un officier ! s’écria l’écuyer. À quel propos un pareil homme s’adresse-t-il à moi ? S’il a besoin de fourgons pour le transport des bagages de son régiment, je ne suis point juge de paix ici, et ne puis donner l’ordre de lui en fournir. Quoi qu’il en soit, qu’on le fasse monter, puisqu’il veut absolument me parler. »

Un instant après entra un homme de fort bonne mine qui, saluant l’écuyer, lui demanda la faveur d’un entretien particulier. Aussitôt que le ministre se fut retiré, il s’exprima en ces termes :

« Je viens, monsieur, vous trouver de la part de milord Fellamar, mais avec un message bien différent de celui auquel vous devez vous attendre, après la scène d’hier au soir.

— Milord qui ? dit l’écuyer, ce nom-là m’est inconnu.