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de préventions contre qui que ce soit. Soyez sûre que je serois charmé que ce jeune homme pût se justifier de tout, particulièrement de cette malheureuse affaire. Vous n’ignorez pas la tendresse que j’eus autrefois pour lui. Le monde, je le sais, m’en a blâmé. Si je lui ai retiré mon affection, c’est que j’ai pensé qu’il ne la méritoit plus. Croyez-moi, mistress Miller, il me seroit doux de découvrir que je me suis trompé. »

Mistress Miller alloit répondre, lorsqu’un domestique vint l’avertir que quelqu’un désiroit de lui parler sur-le-champ. M. Allworthy demanda ce que faisoit son neveu. On lui dit qu’il étoit depuis quelque temps dans sa chambre avec un homme qui lui rendoit de fréquentes visites. M. Allworthy devinant que c’étoit Dowling, fit prier le procureur de descendre à l’instant chez lui.

Aussitôt qu’il fut entré, M. Allworthy, sans nommer personne, lui exposa le cas des billets de banque, et lui demanda quelle peine, à son avis, encourroit le coupable. Dowling répondit qu’il pensoit qu’on pourroit le poursuivre en vertu du Black act[1] ; mais que la question étant

  1. Black act, acte noir portant peine de mort contre les braconniers armés et déguisés, les voleurs, les incendiaires, les faussaires, etc. Il fut rendu à l’occasion de quelques brigandages commis près de Waltham, dans le Hampshire, par des personnes masquées ou barbouillées de noir.Trad.