Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/142

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Alors, quel est l’effet produit par son union avec la conscience ?

À l’espace inconscient et immuable, on pourrait attribuer aussi la qualité de moi !

71. Mais, dira-t-on, le rapport de l’acte au fruit est impossible sans le moi. Si l’auteur de l’acte disparaît après l’avoir accompli, à qui écherra le fruit ?

72. Nous sommes d’accord sur ce point que l’acte et le fruit ont un support différent. Vous prétendez d’autre part que le moi est inactif : la discussion est donc superflue.

73. « C’est l’auteur de l’acte qui en recueille le fruit. » Voilà qui n’est pas évident ! Si le Buddha a dit que l’auteur de l’acte était le dégustateur du fruit, c’est en attribuant une unité fictive à la série des phénomènes.

74. Ni la pensée passée, ni la pensée future ne peuvent être le moi, car elles n’existent pas. La pensée présente sera-t-elle le moi ? Mais alors, cette pensée disparaissant, il n’y a plus de moi.

75. De même que la tige du bananier, décomposée en ses parties, n’existe pas, de même le moi, poursuivi avec critique, est reconnu comme un pur néant.

76. — Si l’individu n’existe pas, sur quoi s’exerce la compassion ? — Il est imaginé par une illusion qu’on adopte en vue du but à atteindre.