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MATTHIEU WILLIAMS. ATMOSPHÈRE DE MARS.

même rapport environ que celle de son atmosphère. Elle devrait ainsi n’en constituer qu’environ le cinquième ; et si les profondeurs moyennes relatives des océans des deux planètes sont à peu près égales, la proportion de terre et d’eau à la surface de Mars devrait être cinq fois plus grande que celle observée à la surface de la Terre. Ce rapport étant, pour la Terre, d’environ un quart, ou une unité de terre pour trois unités d’eau, il devrait y avoir, sur Mars, cinq unités de terre pour trois unités d’eau.

L’intensité de la chaleur solaire sur Mars étant à celle de la Terre dans le rapport de 0,431 à 1, c’est-à-dire moins de la moitié, la température moyenne de Mars doit être considérablement inférieure à celle de la glace fondante ; la faible atmosphère et la petite quantité de vapeur d’eau qu’elle doit contenir doivent exagérer les écarts de température du jour et de la nuit, surtout dans les régions polaires, où, en vertu de l’inclinaison de l’axe de la planète, une si grande partie de chaque hémisphère est alternativement exposée à plusieurs mois de radiation solaire continue et plusieurs mois d’obscurité prolongée.

Comment ces conditions doivent-elles affecter les océans où les mers de Mars ? La température moyenne étant inférieure au zéro centigrade, ces mers doivent être gelées jusqu’au fond ; mais la surface de l’eau dans toutes les parties de la planète exposées, avec une obliquité moyenne seulement, aux rayons solaires, serait dégelée à une profondeur variant avec la durée et la verticalité de cette exposition. Sa surface serait ainsi fondue pendant le jour et regelée la nuit, comme la surface de nos propres glaciers alpins, mais les changements seraient beaucoup plus marqués sur les océans martiens.

Une légère rosée de gelée blanche commencerait à tomber avant le coucher du Soleil, c’est-à-dire aussitôt que l’obliquité des rayons solaires permettrait à la surface de se refroidir au-dessous du point de congélation. Il devrait y avoir un courant continu, dirigé hors des régions où le jour brille à midi, — où la mince atmosphère serait grandement augmentée par la vapeur d’eau, — vers le vide relatif du côté sombre de la planète. Il y aurait le même genre d’action que celle décrite par sir John Herschel comme devant nécessairement avoir lieu sur la Lune s’il y avait de l’eau sur notre satellite, action qu’il compare à l’expérience du cryophore. Il devrait cependant exister quelque différence entre Mars et la Lune. Le vide de Mars étant seulement relatif, l’action serait beaucoup plus lente et bien moins marquée que dans le cas hypothétique de John Herschel. Et la température moyenne de Mars étant tellement inférieure, le point de congélation et la chute subséquente d’une brume de gelée blanche doivent commencer bien avant la séparation effective entre la lumière et l’obscurité, — à cette distance angulaire de la verticalité solaire, où les influences réfrigérantes de la radiation planétaire, aidées par celles de la glace superficielle, doivent réduire la température du sol au point de congélation.

Il n’y aurait pas ainsi de grandes masses, bien définies, de vapeur d’eau flottant irrégulièrement, comme nos nuages, dans l’atmosphère de Mars ; pas de