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ATMOSPHÈRE ET TEMPÉRATURE.

puisse avoir lieu sur Mars à un degré supérieur, même sans supposer l’atmosphère matériellement différente de la nôtre dans sa constitution, ou ayant quelques caractères spécialement favorables ou exceptionnels pour l’absorption et la radiation de la chaleur. Il semble, cependant, nécessaire de supposer une plus grande communication de chaleur de l’intérieur de la planète ; car, autrement, la vapeur additionnelle, à laquelle l’effet réchauffant doit être particulièrement attribué, ne pourrait probablement pas être supportée dans l’atmosphère. Somme toute, nous pourrions, peut-être, en conclure que Mars est habitable. »

Ce passage est un énoncé des déductions des aspects observés de Mars auxquels les astronomes ont été conduits. Les obligations impérieuses de mon hypothèse m’ont éloigné du chemin habituel d’explications a posteriori, en me conduisant en contradiction directe avec la « température agréable » et l’« atmosphère étendue », réduisant l’« écart de température entre l’été et l’hiver, entre le jour et la nuit, » etc., en me faisant admettre une atmosphère de 136mm de pression barométrique et une série de conditions météorologiques diamétralement opposées à celles qui ont été généralement supposées comme nécessaires pour expliquer les taches polaires et les autres détails de cette planète : mais, ayant fait le premier pas dans cette voie non autorisée, j’ai suivi la traînée de conséquences nécessaires suggérées, et j’ai trouvé qu’elle m’a conduit là où j’avais peu de chances d’atterrir d’abord, c’est-à-dire sur un terrain supérieur qui m’a permis de voir, bien plus clairement et logiquement qu’on ne l’avait fait auparavant, les causes dont peuvent dépendre les phénomènes superficiels de la mieux observée et de la plus exactement connue de toutes les planètes.

Je vais maintenant comparer quelques-uns des détails d’observation avec mes conclusions a priori. Au début, je dirai que je ne connais guère d’observation directe, par réfraction ou autrement, fournissant quelque base pour l’estimation quantitative de l’atmosphère de Mars. L’« atmosphère étendue » communément décrite est purement hypothétique ; elle a été supposée afin d’expliquer les « calottes neigeuses » et d’autres taches de la surface. Je dois, par conséquent, faire appel à l’évidence indirecte et déterminer si elle est plus favorable à l’hypothèse d’une atmosphère n’ayant que le cinquième de la densité de la nôtre, ou à l’atmosphère ordinairement supposée d’une densité égale ou supérieure à la nôtre.

Si Mars avait l’atmosphère vaporeuse dense qu’on lui attribue, cette atmosphère serait nuageuse, comme celle de la Terre, et ses nuages, comme les nôtres, devraient être suffisamment opaques pour cacher entièrement le corps de la planète partout où ils se trouveraient.

Sir John Herschel nous dit que « des observations attentives, continuées pendant dix ans, nous ont enseigné que les taches sombres de Mars conservent constamment leurs formes et leurs positions relatives sur la planète ». Ceci ne saurait exister pour une planète recouverte de nuages, sujette à des chutes de pluie et de neige. Des surfaces considérables devraient parfois être voilées de nuages qui