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DE GUSTAVE FLAUBERT.

rait les arbres de la Liberté, j’en suis sûr. Ils trouveraient cela « politique ».

J’ai lu, cet hiver, au coin de mon feu, quatorze volumes de l’histoire parlementaire. Ce qui m’a fait relire pour la six ou septième fois votre Révolution, c’est que j’ai eu des remords à votre endroit. Il m’a semblé, mon cher maître, que, jusqu’à présent, je n’avais pas eu pour vous assez d’admiration. La connaissance matérielle des faits m’a permis de mieux apprécier votre extraordinaire mérite. Quelle perspicacité et quelle justice ! J’omets tout le reste, pour n’avoir pas l’air d’un courtisan.

J’espère vous voir à la fin du mois prochain, vers Pâques, et causer longtemps avec vous.

Je vous prie de me rappeler au souvenir de Mme Michelet et de me croire plus que jamais, mon cher maître,

Votre tout dévoué.


1016. À GEORGE SAND.
[Croisset] Nuit de mardi. [23-24 février 1869.]

Ce que j’en dis, chère maître ? S’il faut exalter ou réprimer la sensibilité des enfants ? Il me semble qu’il ne faut avoir là-dessus aucun parti pris. C’est selon qu’ils inclinent vers le trop ou le trop peu. On ne change pas le fond, d’ailleurs. Il y a des natures tendres et des natures sèches, irrémédiablement. Et puis, le même spectacle, la même leçon peut produire des effets opposés. Rien