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tobie,

Découvre un monstre affreux dont la gueule béante
Lui fait jeter un cri d’horreur et d’épouvante.
L’ange accourt. « Saisissez, lui dit-il, sans frémir,
Ce monstre qu’à vos pieds vous allez voir mourir.
Prenez son fiel sanglant, il vous est nécessaire,
Le temps vous apprendra ce qu’il en faudra faire. »
Le jeune Hébreu, surpris, obéit à l’instant ;
Il partage le corps du monstre palpitant,
Et réserve le fiel ; sur une flamme pure
Le reste préparé devient sa nourriture.

Cependant de Ragès, au bout de quelques jours,
Les voyageurs charmés aperçoivent les tours.
L’ange, avant d’arriver aux portes de la ville :
« De Gabélus, dit-il, ne cherchons point l’asile ;
Dès longtemps Gabélus a quitté ces climats.
Chez un autre que lui je vais guider vos pas ;
Le riche Raguel, neveu de votre père,
A pour fille Sara, son unique héritière.
Son plus proche parent doit seul la posséder ;
La loi l’ordonne ainsi, venez la demander. »
Interdit à ces mots, le docile Tobie
Lui répond : « Ô mon frère ! à vous seul je confie
Des malheurs de Sara ce qu’on m’a rapporté ;
Tout Israël connaît sa vertu, sa beauté ;
Mais déjà sept époux, briguant son hyménée,
Ont dès le même soir fini leur destinée.
Que deviendra mon père, hélas ! si je péris ?