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art et pornographie

brutale et abêtissante, les peintres, les écrivains du dix-huitième siècle la parent de grâces spirituelles et la rendent ainsi aimable, mais aux dépens de la vérité. L’amour vrai, même dans ses plus violents transports, conserve de la retenue et comme une certaine grâce pudique. Nos romantiques ont trouvé le moyen de peindre sans pudeur la violence des actes, l’impétuosité des gestes et d’y joindre les extases spirituelles, tous les extravagants discours des Jacques, des Valentine et des Lélia. C’est ainsi qu’en faussant la nature, en estropiant la vérité, ils rendent le vice aimable, tout comme d’autres, par des moyens symétriques et tout aussi peu consciencieux, en arrivent à rendre la vertu odieuse.

De ces artistes qui peuvent ne faire que se tromper, comme de ceux qui, de propos délibéré, tendent à flatter les passions mauvaises, il n’y a rien de plus à dire, sinon que les premiers pèchent contre la vérité et la beauté, et que les seconds tombent dans la perversité. Les uns et les autres se mettent ainsi hors des conditions normales de l’art. Et ce n’est pas d’eux que nous devons nous préoccuper. Il est toujours relativement facile de montrer dans leurs œuvres mêmes ce par quoi ces œuvres sont fautives et pernicieuses. Mais le cas des vrais et purs artistes est infiniment plus complexe. Quand je vois tel romancier faire annoncer son