Page:Formey - Mélanges philosophiques, Tome 2, 1754.djvu/455

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plantes sèchent en peu de temps ? Que des machines aussi admirables que l'œil, l'oreille, dont l’art surpasse toute notre conception, ne sont faites que pour une courte durée ? Non, sans contredit, elle assurerait avec une grande apparence de raison que cela est incompréhensible, que la raison répugne à déployer tant d'art dans des choses aussi passagères, qu'on ne saurait accorder cette conduite avec l'idée que les œuvres du Créateur donnent de sa sagesse ; enfin que ces beaux ouvrages doivent nécessairement être d'une immortelle durée. On ne saurait douter qu'un être intelligent placé dans de semblables circonstances ne portât un jugement de cette nature et je suis certain que quiconque connaît la structure du corps humain regarderait comme un insensé celui qui en enseignerait la mortalité, si l’expérience n'en fournissait une pleine conviction. N'est-il pas connu que plusieurs philosophes veulent établir l'immortalité de l'âme sur des fondements qui pourraient être employés à aussi bon droit en faveur de celle du corps. Ecoutez ce qu'en dit un grand poète. [Serait-il possible, ô mon âme, que Dieu t'anéantît ? Non, il t'a donné trop de grandeur et de