Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/23

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En résumé, est-ce avec des récompenses chétives qu’il faut relever l’espérance en Dieu ? Pour la rétablir, mon principal moyen sera de faire connaître aux hommes le système d’existence composée que Dieu leur destine, c’est-à-dire le genre de bonheur qu’il leur réserve en ce monde et en l’autre, le détail des voluptés matérielles et spirituelles qui leur seront dévolues après comme pendant cette vie.

Ce détail en ce qui concerne l’autre vie s’éloignera fort des descriptions ascétiques données sur pareil sujet. Dieu ne nous prépare pas de médiocres et insipides plaisirs comme ceux de la cour sainte, badinée à bon droit par Montesquieu. Mais avant de donner communication du sort dont jouissent dans l’autre vie nos âmes et les nouveaux corps à qui elles s’unissent, il faudra donner dans un abrégé de cosmogonie quelques notions de la planète entière et de ses destinées matérielles et spirituelles auxquelles se rattachent les destinées des défunts. Jusque-là je ne puis [------] que les preuves négatives en critiquant les systèmes atroces qui défigurent la divinité et détruisent l’espérance en Dieu qu’ils peignent comme un bourreau implacable, acharné à tourmenter nos âmes pendant l’éternité pour des fautes légères, dont plusieurs, telles que l’amour, ne sont point fautes à ses yeux.

Quelle espérance peut-on fonder sur un être susceptible de fureurs dont les cannibales mêmes auraient à rougir ? car s’ils font souffrir des tortures à leurs ennemis vaincus, ils sont à demi-excusés par les chances du talion qu’ils ont encourues au combat. D’ailleurs, une journée finit les supplices du prisonnier, tandis que, selon nos dogmes, une éternité de supplices ne suffira pas à assurer l’implacable fureur de Dieu contre ses enfants.


IV. inductions tirées de l’emploi du système attractif.

Si j’étais de ces charlatans qui veulent identifier à leur cause les intérêts du moment, je représenterais aux gouvernements actuels les dangers de voir renaître les fléaux dont la mémoire est si récente. Je leur dirais : Puisque la religion catholique a été assez faible pour se laisser une fois déposséder par une faible milice comme les philosophes ; puisqu’elle a été assez ignorante pour ne pas apercevoir la plus redoutable des attaques dirigées contre elle, l’attaque passive des francs-maçons, qui n’a manqué que par l’extrême ineptie de ses clubs, puisqu’enfin cette religion a éprouvé un échec irréparable par la perte des biens temporels, perte qui l’a déconsidérée et l’affaiblit excessivement ; craignez, leur dirais-je, que de nouvelles attaques plus adroitement dirigées ne l’atteignent de nouveau sous quelque règne faible ; craignez