Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/35

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deux illusions sont dissipées, l’enfer reparaît dépourvu d’importance, comme une femme qui, après vingt ans d’absence, rentrant dans son pays sans jeunesse ni fortune, croirait y retrouver des courtisans comme au temps de sa richesse et de sa beauté. — Les souverains sont forcés d’abandonner la mécanique civilisée et d’entrer en période de garantisme, où il ne sera plus besoin ni d’enfer, ni d’autres sornettes de même genre, inutiles lorsque les peuples seront parvenus en 6e période, parce qu’ils deviendront aptes à se guider par la raison, inapplicable en mécanisme civilisé.


VIII. absorption des trois vertus théologales par défaut d’espérance composée en dieu.

Thèse d’espérance composée en Dieu.

La thèse, je le sens, paraîtra bien ridicule aux beaux esprits de France. Il est dans l’ordre que le pays qui publie des dictionnaires d’athées se moque de la foi et de l’espérance en Dieu. Dans cette raillerie les Français auraient-ils les rieurs de leur côté ? Quel bénéfice ont-ils trouvé à mettre leur espérance en la philosophie ? Leur nation, en dernière analyse, est devenue le jouet de l’Europe qu’elle voulait asservir ; les philosophes de France ont presque tous fini misérablement, bon nombre sur l’échafaud, les uns dans l’exil, les autres dans le mépris dont on paie les traîtres après qu’on s’en est servi. On peut donc appliquer à la nation française et à ses beaux esprits l’horoscope que Boileau portait sur l’irréligion :

À la fin tous ces jeux que l’athéisme élève
Conduisent tristement le plaisant à la Grève.


Mais passons à l’objet de la discussion.

J’ai fait observer, au chapitre du paradis terrestre, que notre Globe est impardonnable de n’avoir fait aucune recherche sur la société primitive, sur la tradition du bonheur passé, perdu temporairement, non pas indéfiniment, car rien ne prouvait qu’il fût impossible de retrouver la théorie de cette société passée.

On en aurait fait la recherche si on avait eu la foi et l’espérance en Dieu. Cette confiance manque à notre siècle. Son bel esprit le jette dans deux opinions également absurdes : l’une est de nier Dieu, l’autre de ne le reconnaître qu’à demi, faire de lui un être simple, croire sa providence limitée et n’avoir en lui qu’une espérance simple ou bornée aux biens de l’autre monde.

J’entends par espérance composée l’attente du bonheur en l’un et l’autre monde. Tout bonheur limité à l’un des 2 mondes, est un bien