Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/36

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d’ordre simple et incompatible avec l’essence de Dieu et de l’homme. Ils sont des associés de nature composée. Leurs relations doivent être de même nature. L’associé supérieur, qui est Dieu, ne doit pas destiner à l’homme un bonheur simple, convenable seulement aux animaux ; l’associé inférieur, qui est l’homme, ne peut pas accepter un bonheur simple de Dieu, qui peut et doit lui assurer le bonheur composé. Le bonheur quant à la vie présente consiste, avant tout, dans la possession des richesses ; on en verra la preuve au chapitre des foyers d’attraction. En conséquence tout ordre de choses qui ne nous garantit pas les richesses dès ce monde, est un ordre de bonheur simple, incompatible avec la nature de Dieu et de l’homme.

Les religions modernes ont cru sagement opérer en nous façonnant aux privations, faute de savoir nous procurer la fortune, en nous excitant à acheter le bonheur futur aux dépens du présent. Les religions anciennes tenaient un parti neutre et plus sage ; elles ne faisaient des richesses ni éloge ni critique, pensant avec raison que si Dieu a créé les richesses et en inspire l’amour à tous les hommes, il est ridicule de leur en prêcher le mépris ; c’est aller à l’encontre des intentions divines et supposer la divinité en contradiction avec elle-même.

On se convaincra de cette vérité, quand on aura vu dans le Traité de l’attraction l’immensité des jouissances qu’elle nous prépare dès ce monde. Je renvoie pour cela aux divers chapitres qui traitent des voluptés de l’harmonie inconnues en Civilisation. Ces détails prouveront que les siècles, peuples et cultes, qui demandent à Dieu un bonheur simple et limité à l’un des deux mondes et qui attendent de lui quelque faveur médiocre en ce monde ou en l’autre, étaient incapables de pénétrer la magnificence de ses plans.

Les extrêmes se touchent, et il se peut que le siècle le plus souillé d’irréligion se prête facilement à l’excès de foi et d’espérance. Raisonnons sur cette hypothèse, en prévenant toutefois que je n’envisage pas les vertus dans le sens ascétique, selon la coutume des fanatiques, mais dans le sens composé, en espoir des biens de l’un et l’autre monde, et d’abord des richesses en celui-ci.


Supposons que l’espérance composée, ou espoir des biens d’un et d’autre monde, eut été prêchée conditionnellement et comme stimulant à la recherche du code divin, cet espoir aurait enflammé tous les esprits par l’appât des richesses. Il aurait exposé au dédain les 400,000 systèmes des philosophes, qui ne produisent que la pauvreté et placent le bonheur dans les agitations démagogiques. L’espoir de découvrir un nouveau mécanisme social générateur des richesses aurait enflammé les esprits d’une ardeur nouvelle, d’un espoir d’investiga-