Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/279

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— Si vous croyez cela utile, faites-le, dit-elle en manifestant seulement un peu de surprise.

— Utile ? qui sait ? Dans tous les cas, c’est à essayer.

— C’est peut-être à essayer, reprit Madeleine assez gravement ; mais alors comment aurons-nous de vos nouvelles ?

— Comment ? mais par les mêmes moyens, si vous y consentez.

— Oh ! non, cela ne sera pas, cela ne peut pas être. Vous écrire d’Allemagne à Paris, c’était possible, mais de Paris… au hasard, dit-elle, vous comprenez bien que ce serait déraisonnable. »

Cette dure perspective d’être pendant plusieurs mois absolument privé de tout contact, même indirect, avec Madeleine me fit d’abord hésiter. Une autre réflexion me décida pour l’épreuve la plus radicale, et je lui dis :

« Soit ; je n’entendrai plus parler de vous, sinon par Olivier, qui n’est pas le plus exact des correspondants. Vous m’avez donné mille preuves de générosité qui me font rougir. Je ne puis m’en montrer digne qu’en me résignant. Vous apprécierez ce que cet effort pourra me coûter.

— Ainsi vous partez sérieusement ? reprit Madeleine, qui voulait en douter encore.