Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/303

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centre comme les rayons d’une roue au même sommet, on entendait tinter des colliers de chevaux, rouler des chariots lourds, claquer des fouets et retentir des voix brutales. C’était la vilaine limite où l’on commence, par la laideur de la banlieue, à entrer dans l’activité du tourbillon de Paris.

« Tout ce que vous voyez là n’est pas beau, me disait Augustin ; que voulez-vous ? il ne faut pas considérer ceci comme un séjour d’agrément, mais seulement comme un lieu d’attente. »

Nous revînmes à la nuit, les nécessités de sa position le rappelant le soir même. Il nous fallut gagner à pied, par des routes embourbées, le lieu de la station de la voiture publique qui devait nous ramener à Paris. Chemin faisant, Augustin m’entretenait encore de ses espérances ; il disait « ma femme » avec un air de possession tranquille et assurée qui me faisait oublier toutes les duretés de sa carrière, et me représentait la plus parfaite expression du bonheur.

Je le conduisis, non pas à son appartement, situé dans cette partie de Paris qu’il appelait le quartier des livres, mais à l’hôtel même du personnage dont il était, je vous l’ai dit, le secrétaire. Il sonna en homme accoutumé à se considérer là