Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/305

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et les gens qui n’ont pas le sou. Et Mme Augustin ? reprit-il.

— Sa femme, qui ne s’appelle point Mme Augustin, habite la campagne. Il a bien voulu me présenter à elle aujourd’hui. »

Et je le mis en quelques mots au courant de ce qu’il me convenait de lui faire connaître de la vie domestique d’Augustin.

« Ainsi tu as vu des choses qui t’ont édifié ? »

Cette résistance à se laisser toucher par un tel exemple de courageuse probité me déplut, et je ne lui répondis pas.

« Soit, reprit Olivier avec l’impatience amère qu’il avait dans ses moments de mauvaise humeur ; mais qu’avez vous pu faire entre ces quatre murs ?

— Nous avons scié du bois, lui dis-je en lui montrant nettement que je ne plaisantais pas.

— Tu as froid, reprit Olivier en se levant pour me quitter, tu as piétiné sous la pluie, tes habits mouillés transpirent les odieuses rigueurs de la vie nécessiteuse et de l’hiver, tu reviens tout imbibé de stoïcisme, de misère et d’orgueil : attendons à demain pour causer plus raisonnablement. »

Je le laissai sortir sans lui dire un mot de plus,