Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/306

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et je l’entendis qui fermait la porte avec impatience. Je crus comprendre qu’il avait sans doute des ennuis particuliers qui le rendaient injuste, et ces ennuis, si je n’en connaissais pas l’objet positif, je pouvais du moins en deviner la nature. J’imaginai des aventures nouvelles ou des accidents dans une liaison déjà bien ancienne, et dont la durée était d’ailleurs peu probable. Je savais la facilité qu’il avait à se détacher des choses et l’impatience maladive qui le portait au contraire à se précipiter vers les nouveautés. Entre ces deux hypothèses d’une rupture ou d’une inconstance, je m’arrêtai donc plus volontiers à la seconde. J’étais en veine d’indulgence ; ma visite à Augustin m’avait mis, je puis le dire, en humeur de mansuétude. Aussi dès le lendemain matin j’entrai chez Olivier. Il dormait ou feignait de dormir.

« Qu’as-tu ? lui dis-je en lui prenant la main comme à un ami dont on veut briser les bouderies.

— Rien, me dit-il en me montrant son visage fatigué par une nuit d’insomnie ou de rêves pénibles.

— Tu t’ennuies ?

— Toujours.

— Et qu’est-ce qui t’ennuie ?