Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/307

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— Tout, répondit-il avec la plus évidente sincérité. J’arrive à détester tout le monde, et moi plus que personne. »

Il était en disposition de se taire, et je sentis que toute question n’amènerait que des faux-fuyants, et l’irriterait encore sans me satisfaire.

« Je croyais, lui dis-je, que tu avais quelques causes accidentelles de soucis ou d’embarras, et je venais mettre à ta disposition mes services ou mes avis. »

Il sourit à ce dernier mot, qui lui parut en effet dérisoire, tant les avis que nous nous étions mutuellement donnés avaient peu servi jusqu’à présent.

« Si tu consens à me rendre un service, je le veux bien, reprit-il. Tu le peux sans beaucoup de peine. Il suffit pour cela d’aller chez Madeleine, et de réparer de ton mieux une sottise que j’ai faite hier en me montrant dans un lieu public où Madeleine et Julie se trouvaient avec mon oncle. Je n’étais pas seul. Il est possible qu’on m’ait vu, car Julie a des yeux qui me trouveraient là où je ne suis pas. Je te serais très-obligé de t’assurer du fait en les questionnant l’une et l’autre adroitement. Si ce que je crains avait eu lieu, imagine alors une explication vraisemblable et qui ne compro-