Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/308

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mette personne en supposant à celle que j’accompagnais un nom, des relations, des habitudes, un monde enfin qui la recommande, mais dont ni mon cher cousin ni Madeleine ne puissent vérifier l’exactitude, si par hasard l’envie leur en venait »

Ce soir même, je vis Mme de Nièvres. C’était un de ses vendredis, jour de visites. Je me donnai pour occupation de remplir uniquement la mission d’Olivier. Son nom ne fut pas prononcé. Je n’appris donc rien de positif. Julie était un peu souffrante. Elle avait eu la veille au soir un accès de fièvre léger dont il lui restait encore une suite de faiblesse et d’agitation nerveuse. Je dois vous dire ici que depuis longtemps l’état de Julie m’inquiétait. J’avais fait à son sujet beaucoup de réflexions que j’ai passées sous silence, parce que le souci de cette petite personne, si véritable que fût mon affection pour elle, disparaissait, je vous l’avoue, dans le mouvement égoïste de mes propres soucis.

Vous vous souvenez peut-être qu’un soir, à la veille même de son mariage, en m’entretenant avec solennité de ce qu’elle appelait ses dernières volontés de jeune fille, Madeleine avait introduit le nom de Julie et l’avait rapproché du mien dans des espérances communes dont le sens était clair.