Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/53

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retour vers un mysticisme plus douloureux ou plus hautain, il avait écrit — sans doute par une rencontre fortuite avec le poëte Longfellow — Excelsior ! Excelsior ! Excelsior ! répétés avec un nombre indéfini de points d’exclamation. Puis, à dater d’une époque qu’on pouvait calculer approximativement par un rapprochement facile avec son mariage, il devenait évident que, soit par indifférence, soit plutôt résolûment, il avait pris le parti de ne plus écrire. Jugeait-il que la dernière évolution de son existence était accomplie ? Ou pensait-il avec raison qu’il n’avait plus rien à craindre désormais pour cette identité de lui-même qu’il avait pris jusque-là tant de soin d’établir ? Une seule et dernière date très-apparente existait à la suite de toutes les autres, et s’accordait exactement avec l’âge du premier enfant qui lui était né : son fils Jean.

Une grande concentration d’esprit, une active et intense observation de lui-même, l’instinct de s’élever plus haut, toujours plus haut, et de se dominer en ne se perdant jamais de vue, les transformations entraînantes de la vie avec la volonté de se reconnaître à chaque nouvelle phase, la nature qui se fait entendre, des sentiments qui naissent et attendrissent ce jeune cœur égoïstement