Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/66

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ques questions de sincère intérêt sur la santé de son ami.

« Je crois inutile de vous tromper, me dit-il. Tôt ou tard, la vérité se fera jour sur une catastrophe trop facile à prévoir et malheureusement impossible à conjurer. »

Et il me remit la lettre même d’Olivier.

« Orsel, novembre 18…
« Mon cher Dominique,

« C’est bien véritablement un mort qui t’écrit. Ma vie ne servait à personne, on me l’a trop répété, et ne pouvait plus qu’humilier tous ceux qui m’aiment. Il était temps de l’achever moi-même. Cette idée, qui ne date pas d’hier, m’est revenue l’autre soir en te quittant. Je l’ai mûrie pendant la route. Je l’ai trouvée raisonnable, sans aucun inconvénient pour personne, et mon entrée chez moi, la nuit, dans un pays que tu connais, n’était pas une distraction de nature à me faire changer d’avis. J’ai manqué d’adresse, et n’ai réussi qu’à me défigurer. N’importe, j’ai tué Olivier. Le peu qui reste de lui attendra son heure. Je quitte Orsel et n’y reviendrai plus. Je n’oublierai pas que tu as été, je ne dirai pas mon meilleur ami, je dis