Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/121

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Voilà donc un premier fait avéré : il y avait des gentes à Rome et à Athènes. On pourrait citer des exemples relatifs à beaucoup d’autres villes de la Grèce et de l’Italie et en conclure que, suivant toute vraisemblance, cette institution a été universelle chez ces anciens peuples.

Chaque gens avait un culte spécial. En Grèce on reconnaissait les membres d’une même gens « à ce qu’ils accomplissaient des sacrifices en commun depuis une époque fort reculée’». Plutarque mentionne le lieu des sacrifices de la gens des Lycomèdes, et Eschine parle de l’autel de la gens des Butades*.

A Rome aussi, chaque grens avait des actes religieux à accomplir ; le jour, le lieu, les rites, étaient fixés par sa religion particulière’. Le Capitule est bloqué par les Gaulois ; un Fabius en sort et traverse les lignes ennemies, vêtu du costume religieux et portant à la main Tes objets sacrés; il va offrir le sacrifice sur l’autel de sa gens, qui est situé sur le Quirinal. Dans la seconde guerre punique, un autre Fabius, celui qu’on ap^ pelle le bouclier de Rome, tient têt» à Annibal ; assurément la république a grand besoin qu’il n’abandonne pas son armée; il la laisse pourtant entre les mains de l’imprudent Minucius : c’est que le jour anniversaire du sacrifice de sa gens est arrivé et qu’il faut qu’il coure à Rome pour accomplir l’acte sacré*.

Ce culte devait être perpétué de génération en génération ; et c’était un devoir de laisser des fils après soi pour le continuer. Un ennemi personnel de Cicéron, Claudius, a quitté sa gens pour entrer dans une famille plébéienne ; Cicéron lui dit : « Pourquoi exposes-tu la religion de la gens Claudia à s’é- teindre par ta faute "?

Ugat., 147. Bœekh, Corp. Irucr., n*^ 385. Ftoss, Demi Attici, 24. La gent cbt les Grecs est souTeot appelée 9itfa : Pindare, passim.

1. HarpOCratiOD, T* yiwîtm : Uâmi tû» fp«Tfi6v S^’^pf■n Ai y(in| tfiâxovyi. Il •l UfMoivat >1 ^xia^on%foa^^tovaan UXijpoûvra. HésychiuS : ^lytHliM, el leC abroC ■jhw lUTijorcK ««l «vulev à»’ ifXfii l^ovre; ïOi»à tcfâ.

2. Plutarque, Thémist., L Eschine, De falsa légat., 147.

I. Cicéron, De arusp. rêtp., 15. Denys d’Halicarnasse, XI, 14. Festus, y* Pro pudi, éd. Muller, p. 238.

4. Tite-Live, V, 46; XXII, 18. Valère-Maxime, 1, l, U. Polfbe, III, 94. Plincj XXXIV, 13. Macrobe, Ul, i.

5. Cicéron, Pro domo, 13.