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CHAP. X. LA GENS A ROME Et EN GRÈCE. 127

mifie sans se diviser. Plusieurs branches cadettes restent groupées autour d'une branche aînée, près du foyer unique et du tombeau commun.

Un autre élément encore entra dans la composition de cette famille antique. Le besoin réciproque que le pauvre a du richa et que le riche a du pauvre fit des serviteurs. Mais dans cette Borte de régime patriarcal serviteurs ou esclaves, c'est tout un. On conçoit, en effet, que le principe d'un service libre, volon- taire, pouvant cesser au gré du serviteur, ne peut guère s'ac- corder avec un état social où la famille vit isolée. D'ailleurs la religion domestique ne permet pas d'admettre dans la fa- mille un étranger. Il faut donc que par quelque moyen le serviteur devienne un membre et une partie intégrante de cette famille. C'est à quoi l'on arrive par une sorte d'initiation du nouveau venu au culte domestique.

Un curieux usage, qui subsista longtemps dans les maisons athéniennes, nous montre comment l'esclave entrait dans la famille. On le faisait approcher du foyer; on le mettait en présence de la divinité domestique ; on lui versait sur la tête de l'eau lustrale, et il partageait avec la famille quelques gâ- teaux et quelques fruits*. Cette cérémonie avait de l'analogie avec celle du mariage et celle de l'adoption. Elle signifiait sans doute que le nouvel arrivant, étranger la veille, serait dé- sormais un membre de la famille et en aurait la religion. Aussi l'esclave assistait-il aux prières et partageait-il les fêtes*. Le foyer le protégeait ; la religion des dieux Lares lui appar- tenait aussi bien qu'à son maître'. C'est pour cela que

1. Démosthène, in Stephxinwn, I, 74. Anstophaae, PltUus, 768- Ces deux écri- vains indiquent clairement une cérémonie, mais ne la décriveat pas. Le scholiaste d'Aristophane ajoute quelques détails. Vo;ez, dans Eschyle, comment Clytemnes- Ire reçoit une nouvelle esclave : ce Entre dans cette maison, puisque Jupiter veut %ne tu partages les ablutions d'eau lustrale, avec mes autres esclaves, auprès de Bon foyer domestique » (Eschyle, Agamemnon, 1035-1038).

2. Aristote, Économiques, 1, 5 : < C'est pour les esclaves encore plus que pour fes personnes libres qu'il faut accomplir les sacrifices et les fêtes. » Cicéron, De le- gibus, II, 8 : Ferias in famulis habento. Aux jours de fêtes, il était interdit de faire travailler l'esclave (Cic, De legib., 11, 12).

3. Cicéron, De legib., II, il : Neque ea, qux a majoribus prodila est quum dominis tum famulis religio Larum, repudianda est. L'esclave pouvait mêuie accosaplir l'acU religieux au nom de MB m&ltre ) Catoa, D$ re r%uiica, U.

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