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128 LIVRE II. LA FAMILLE.

Tesclave devait être enseveli dans le lieu de sépulture de la famille.

Mais, par cela même que le serviteur acquérait le culte et le droit de prier, il perdait sa liberté. La religion était une chaîne qui le retenait. Il était attaché à la famille pour toute sa vie et même pour le temps qui suivait la mort.

Son maître pouvait le faire sortir de la basse servitude et le traiter en homme libre. Mais le serviteur ne quittait pas pour cela la famille. Comme il y était lié par le culte, il ne pouvait pas sans impiété se séparer d'elle. Sous le nom d'affranchi ou sous celui de client^ il continuait à reconnaître l'autorité du chef ou patron et ne cessait pas d'avoir des obli- gations envers lui. Il ne se mariait qu'avec l'autorisation du maître, et les enfants qui naissaient de lui continuaient à obéir '.

11 se formait ainsi, aans le sem de la grande famille, un cer- tain nombre de petites familles clientes et subordonnées. Les Romains attribuaient l'établissement de la clientèle à Romulus, comme si une institution de cette nature pouvait être l'œuvre d'un homme. La clientèle est plus vieille que Romulus. Elle a d'ailleurs existé partout, en Grèce aussi bien que dans toute l'Italie*. Ce ne sont pas les cités qui l'ont établie et réglée; elles l'ont, au contraire, comme nous le verrons plus loin, peu à peu amoindrie et détruite. La clientèle est une institution du droit domestique, et elle a existé dans les familles avant qu'il y eût des cités.

Il ne faut pas juger de la clientèle des temps antiques d'après les clients que nous voyons au temps d'Horace. Il est clair que le client fut longtemps un serviteur attaché au patron. Mais

t. Sur les obligatioM dM iffhmchis en Droit romain, voyez Digeste, XXX Vil, 14, De jure patronatiis ; XII, 15, De obsequiis parentibue et patronit prxêtan^ dis; XIII, 1, De operis libertorum. — Le droit grec, en ce qui concerne l'affran- chissemeat et la clientèle, s'est transformé beaucoup plus tôt que le droit romain, aussi nous est-il resté fort peu de reaseignemenis sur l'ancienne condition de ce» classes d'hommes; voir pourtant Lysias, dans Harpocration, au mot «ieoin«»io<^ fihrysippe dans Athénée, VI, 93, et un passage curieux de Platon, Lots, XI, p. 91 &. Ben résulte que l'affranchi avait toujours des devoirs envers son ancien maître. J. aientèle chez les Sabins (Tite-Live, II, 16; Denys, V, 40); chez les Etroa^BM euy», IX, 5); chu les Gra«s, î'6oî lX)nv««b» ««\ 4u"^»v (DenjfB, U, »).

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